À côté d’une persécution « explicite » contre les chrétiens, comme l’attentat de Pâques au Pakistan, le pape François en a dénoncé une forme « déguisée » à travers les « lois modernes », à l’origine d’une « grande apostasie ».

Apostasie. En 2007, Benoît XVI avait utilisé ce terme, désignant un rejet total de la foi, à propos de l’Europe accusée de se renier elle-même. Mardi 12 avril, le pape François l’a employé à son tour, de manière beaucoup plus large, contre « les puissances (qui) veulent imposer des comportements, des lois contre la dignité du Fils de Dieu ». « C’est la grande apostasie », a-t-il dénoncé en conséquence de « ces lois modernes », sans toutefois mentionner lesquelles.

Le pape s’exprimait durant l’homélie de la messe matinale qu’il célèbre en semaine dans la chapelle de la Maison Sainte-Marthe, la résidence hôtelière du Vatican où il vit. Il commentait la lecture du jour sur la lapidation d’Étienne. L’occasion pour lui de dénoncer, de nouveau, les persécutions contemporaines contre les chrétiens, comme celle dont ont été victimes les « martyrs tués à Pâques au Pakistan ». Mais à côté de cette persécution « explicite, claire », il a distingué une autre forme de persécution qui « se présente déguisée sous forme de culture, (…), déguisée en modernité, déguisée en progrès » : « C’est une persécution – dirais-je un peu ironiquement – éduquée ». Celle qui s’exerce« lorsque l’homme est persécuté non pas parce qu’il confesse le nom du Christ mais parce qu’il veut avoir et manifester les valeurs du Fils de Dieu ».

Objection de conscience vis-à-vis du mariage homosexuel

Ces « persécutions en gants blancs », selon son expression, « te confinent dans un recoin de la société, en viennent à te faire perdre ton travail si tu n’adhères pas aux lois qui vont contre Dieu Créateur ». Lors de son voyage aux États-Unis, en septembre 2015, Jorge Bergoglio, qui encourage souvent les chrétiens en société sécularisée à « aller à contre-courant », avait ainsi rencontré en privé une greffière, Kim Davis, condamnée à un an de prison ferme pour avoir exercé son objection de conscience vis-à-vis du mariage homosexuel, refusant d’en établir les certificats à plusieurs couples de même sexe. Dans le vol retour, le pape avait rappelé que « l’objection de conscience est un droit humain ». Mardi, dans son homélie, il s’en est pris de même à « la persécution qui ôte à l’homme la liberté, également celle de l’objection de conscience ! » Pour lui, toutes ces atteintes concourent à « la grande apostasie » actuelle.

D’une autre manière mais dans le même sens, il avait déjà fustigé une sorte de « paganisme laïque » à l’œuvre. Dans sa prière au chemin de croix du Vendredi saint, le 25 mars, il s’en était pris à « ceux qui veulent enlever (la croix du Christ) des lieux publics et (l’)exclure de la vie publique », se gardant ici encore d’énumérer des exemples.