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Une vision de l’homme des plus risquées

2 octobre 2014

Tous les totalitarismes du XXe siècle ont tenté de façonner l’homme en fonction de leurs besoins idéologiques :

 

qu’il s’agisse du communisme soviétique avec l’individu fondu dans la masse, du nazisme avec la race suprême, du communisme chinois avec ses camps de rééducation – toutes ces tentatives ont cherché à maîtriser l’anthropologie. Et ils ont tous échoué exactement pour cette même raison – la résistance de ce qu’il y a de plus fondamental dans l’homme. La Déclaration universelle des droits de l’homme est venue dès la fin de la guerre rappeler la conviction que tout homme est un être unique et que, de ce fait, il a des droits imprescriptibles et inaliénables. Ce document réaffirme – sans utiliser le terme – le mystère de la personne humaine. Quand le psalmiste interroge le Créateur sur la nature de l’homme en demandant : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? » (Psaume 8), il reconnaît implicitement que la réponse à cette question se trouve, en dernière analyse, en dehors de l’homme lui-même. A l’époque actuelle, face aux possibilités techniques de manipulation libératrice ou asservissante sans précédent, la question du palmiste prend une actualité nouvelle.

 

La référence à une nature humaine qui serait donnée par le Créateur une fois pour toutes pour être ensuite déclinée à l’infini des variantes individuelles n’est pas du goût de l’homme postmoderne. Ce dernier préfère la posture de l’autocréation permanente, sans Dieu, sans référence externe. L’homme postmoderne affirme, voire revendique détenir en exclusivité les clés de sa propre identité. Notre époque revendique ainsi la compétence non seulement de définir ce qu’est l’homme, mais elle a en plus les moyens techniques de traduire ces réponses en actes et en textes législatifs. Le risque est grand de voir la référence métaphysique chassée définitivement des débats politiques. Cela pourrait mener à la dérive vers l’eugénisme de complaisance, lequel pourrait justifier toutes les instrumentalisations imaginables. Ainsi, là où les totalitarismes ont échoué, la civilisation technique a des chances de réussir, faute de résistance suffisante. Pour faire face à l’argumentaire technicien souvent séducteur, l’argument métaphysique est peu confortable à manier mais reste la seule référence susceptible de nous éviter un avenir de rats de laboratoire.

 

Paul H. Dembinski Directeur de l’Observatoire de la finance