HISTORIQUE

De 1986 à 2006 – Vingt ans plus tard…

 

L’ASSOCIATION INTERNATIONALE POUR L’ENSEIGNEMENT SOCIAL CHRÉTIEN

De 1986 à 2006 – Vingt ans plus tard…

1. COLOGNE du 25 au 27-10-1986 – L’ACTE FONDATEUR

La première réunion du groupe fondateur de l’Université Volante Internationale (U.V.I.) organisée à Cologne en 1986, déboucha sur la “Déclaration de Cologne”. La réunion de Cologne fut convoquée à l’initiative du Professeur Patrick de Laubier de l’Université de Genève. Parmi les signataires de la Déclaration, signalons : Patrick de Laubier, le Père Anton Rauscher S.J., Pierre Boisard, Jean Bornard, Jacques Delcourt et Manfred Spieker et quelques autres. Pierre Boisard, président d'” Évangile et Société” en France, accepta la présidence du groupe. L’UVI fut fondée en vue de promouvoir l’enseignement social chrétien dans une dimension internationale. Elle a changé de nom en 1993, lors de la réunion de St.- Maurice en Suisse. Manfred Spieker, devenu Président en remplacement de Pierre Boisard, proposa de rebaptiser l’UVI qui, depuis, s’appelle “Association Internationale pour l’Enseignement Social Chrétien”. Au fil des ans, le nombre de membres a grandi. Aujourd’hui, l’association compte une cinquantaine de membres issus de 20 pays différents. L’Association se réunit une fois l’an pour établir le bilan des actions de l’année et programmer ses activités futures. La réunion est aussi l’occasion d’approfondir des thèmes auxquels le groupe décide de s’intéresser de manière particulière. Le groupe se compose de chrétiens même si les catholiques sont prédominants. Sa préoccupation est fondamentalement oecuménique. Il est composé de clercs, de laïcs chrétiens, engagés ou non dans des mouvements religieux, jeunes et moins jeunes, les uns issus du monde académique, d’autres sont des hommes chargés de responsabilités sur le plan économique et social du côté patronal ou syndical. Certains sont engagés dans des actions locales ou régionales, d’autres sont actifs sur la scène internationale. Mais tous vont porter un message dans leur environnement respectif. Cette diversité des engagements personnels permet de ne pas séparer l’enseignement social chrétien de sa pratique. Venus d’horizons, de pays et de continents différents, les engagements socio-religieux, familiaux, professionnels et sociaux des membres sont diversifiés, comme leurs champs de compétences et les disciplines intellectuelles auxquelles ils se réfèrent, telles la philosophie, la théologie, l’économie, la sociologie, l’anthropologie ou la psychologie, par exemple. Cette diversité des disciplines est une richesse. Elle rapproche l’enseignement social chrétien des sciences sociales qui peuvent inspirer à la fois son contenu, mais aussi intervenir dans sa mise en oeuvre et dans les applications pratiques qui en constituent les finalités. Quelle que soit la diversité de la composition du groupe, une de ses préoccupations est d’acquérir une identité à travers la discussion et le dialogue de thèmes divers, tout en évitant que l’Association puisse être considérée comme affiliée à un mouvement quel qu’il soit. Si différents soient-ils, les signataires de la Déclaration, ainsi que les membres qui y ont adhéré par la suite, sont convaincus que la vie en société et dans le monde ne peut s’épanouir de manière harmonieuse au service de tous et de chacun, sans poursuivre de manière persévérante un ensemble de valeurs sociales porteuses de sens, telles que la paix, la solidarité et l’amour, la justice et la liberté. Or telles sont toutes les valeurs qui forment le noyau dur de l’enseignement social chrétien. Cet enseignement peu connu et trop souvent méconnu est d’ailleurs en plein développement.

 

Nous reproduisons ci-dessous le texte de la DECLARATION DE COLOGNE  du 26 octobre 1986, ainsi que la liste des signataires :

UNIVERSITÉ VOLANTE INTERNATIONALE POUR L’ENSEIGNEMENT SOCIAL CHRÉTIEN

L’importance de l’enseignement social chrétien (ESC) qui est centré tant sur la dignité et les devoirs de la personne que sur le respect des droits de l’homme, est rappelée par les participants qui s’accordent sur la nécessité de coordonner les efforts visant à faire connaître cet enseignement.

 

Son actualité a été mise en valeur par des évènements récents dans différentes régions du monde, par exemple en Pologne, en Amérique latine, en Amérique du nord et en Asie (Corée du sud, Philippines).

 

Dans cette perspective une université volante internationale est fondée par des Chrétiens qui dans différents pays s’inspirent, enseignent ou appliquent l’ESC.

 

Ils se proposent de susciter dans toutes les régions du monde des initiatives sous forme de colloques, de cours et de publications adaptés aux exigences des pays considérés.

 

Les principes de solidarité et de subsidiarité doivent présider à la bonne marche de ces réalisations grâce à des formes de collaboration qui ménagent l’autonomie de chacun.

 

Dans une première étape, on se borne à instaurer un se­crétariat à Genève dont le rôle consiste à recueillir les informations et à faire connaître les-réalisations de l’Université volante en liaison étroite avec des membres correspondants.

 

A plus long terme, une coordination plus élaborée est pré­vue. Elle consistera à proposer, notamment, des thèmes de recherche communs et à publier un bulletin d’études et d’informa­tions. Cette deuxième étape dépendra du nombre de personnes et d’institutions intéressées par cette initiative ainsi que des moyens disponibles.

 

 

THE COLOGNE DECLARATION – 26th of October 1986

 

The importance of Christian Social Teaching (CST), which is focused on the dignity and’ duties of the individual as well. as on human rights, is emphasized by the participants who are in agreement on the necessity of coordinating efforts aimed at making this teaching known.

 

Its relevance has been demonstrated by recent events in different areas of the world: for example, in Poland, Latin America, North America, and Asia (South Korea, the Phillippines.)

 

From this standpoint a mobile university is being founded by Christians, who, in different countries, draw inspiration from, teach, and apply CST.

 

They intend to create, in all regions of the world, initiatives in the form of symposiums, courses, and publications adapted to the conditions of the countries under consideration.

The principles of solidarity and subsidiarity must govern the smooth working of this project through a type of collaboration which will respect everyone’s autonomy.

 

As a first step, we shall limit ourselves to the setting up of an office in Geneva whose role will be to gather information and make known the achievements of the Mobile University in close contact with the correspondants.

 

In the long run, a. more developed coordination is foreseen. It will consist of proposing, among other things, themes of common research, and publishing a bulletin of studies and information. This second stage will depend on the number of peopl.e arid institutions interested in thi
s initiative, as well as available means.

 

 

Pierre BOISARD, Président, “Evangile et société” (France)

Marco BORDIN, Sociologue (Brésil)

Jean Bornard Président, Confédération des Syndicats chrétiens” (France

Mgr. Gérard DEFOIS, Rector, “Institut catholique de Lyon” (France)

Pawel DEMBINSKI, Economist, “Université de Genève” (Switzerland)

Jacques DELCOURT, Prof essor, “Université de Louvain” (Belgium)

Patrick de LAUBIER, Professor, “Université de Genève” (Switzerland)

Anion RAUSCHER SJ, Professor, “Universitât Augsburg” (G.F.R.)

Manfred SPIEKER, Professor, “UniversitMt Osnabrück” (G.F.R.)

 

II. LE DIAGNOSTIC DE BASE

A Cologne en 1986, le groupe signataire de la “Déclaration”, est conscient de la sécularisation et de la déchristianisation des sociétés, particulièrement en Europe. La tendance au sein des sociétés différenciées et pluralistes est à la relégation du religieux dans la sphère du privé. Le groupe sur base d’un large tour d’horizon constate un climat plutôt réfractaire à l’enseignement social dans les assemblées des Églises chrétiennes, y compris parmi les chrétiens sociaux. Il observe que, même s’il y a manifestement un “retour du religieux” qui se traduit souvent dans l’effloraison de divers mouvements nouveaux, celui-ci ne paraît pas inspiré par la doctrine sociale. De manière incontestable, la relation verticale de l’homme à Dieu est primordiale et constitue nécessairement la voie d’un authentique ressourcement mais l’axe horizontal qui comprend l’ensemble des actions sociales vouées au service individuel et collectif des autres apparaît souvent d’ampleur plus limitée, même s’il constitue le complément direct indispensable du chrétien. Tout se passe à la fois comme si le message chrétien pouvait être détaché du message social, comme si la dénonciation des maux et des injustices, et donc la préoccupation du social, n’était pas du ressort de l’Église et un urgent devoir du chrétien. Pour certains, l’engagement dans le champ social apparaît d’autant plus généreux qu’ils cessent de le rapporter à l’axe vertical. Ainsi, au moment de la “Déclaration de Cologne”, on peut, sans crainte d’être contredit, affirmer que la transmission de la doctrine sociale chrétienne paraissait virtuellement abandonnée. Son enseignement avait, pour ainsi dire, disparu des programmes des centres de formation religieuse et des séminaires, comme des universités catholiques. Même dans les facultés de théologie, sa place était réduite à une portion congrue. Le plus souvent, les mouvements sociaux et politiques d’inspiration chrétienne avaient cessé de faire référence à la doctrine sociale chrétienne. On n’en parlait plus que sporadiquement à l’occasion des anniversaires de “Rerum Novarum”, par exemple. Les livres à son sujet se faisaient rares. La qualité des documents publiés par les Papes, particulièrement ceux publiés par Jean-Paul II et la Commission pontificale Justice et Paix, ou encore à l’initiative du Conseil Oecuménique des Églises, ne pouvait justifier une telle indifférence. Aux membres de l’UVI, ce déclin de l’attention et de l’importance accordées aux messages sociaux des Églises paraissait paradoxal dans une période où, partout dans le monde, la crise économique aiguisait les problèmes de vie et de société mais aussi à un moment où l’on assistait à ce que d’aucuns ont appelé le “retour de l’éthique” en réponse à la perte de sens dans un monde livré à l’individualisme et à une rationalité étroitement instrumentale et économique. Cette montée de conscience était d’autant plus vive que le développement promu par la rationalité économique et instrumentale exercée sur base des apports des sciences et des techniques et d’une concentration de pouvoir dans un petit nombre de très grandes entreprises économiques et financières mondiales se heurtait visiblement à des limites morales, sociales et écologiques. Même si, en ce temps là, on ne parlait pas encore de la “pensée unique”, la question sociale était devenue mondiale.     III. L’ANGLE D’ATTAQUE: LA QUESTION SOCIALE DEVENUE MONDIALE   Sous l’impact de la crise accompagnant la mondialisation de l’économie et des marchés, partout les écarts entre les riches et les pauvres se creusent partout, y compris dans les pays les plus riches, ainsi que le montra l’exposé fait à Cologne par le Père Anton Rauscher. De retour d’un voyage aux États-Unis, il commenta la lettre des évêques américains relative aux rapports entre économie et société. Tout au long de la grande crise dont la plus grande part du monde n’est toujours pas sortie, les écarts continuent à se creuser entre les catégories sociales, mais aussi entre les régions qui composent un pays: certaines s’industrialisent et s’urbanisent sauvagement et, de ce fait, contribuent à la marginalisation, à la désagrégation et à la déstructuration des communautés de base traditionnelles. En fait, toutes les régions et populations n’ont pas des chances égales de développement parce que situées à des distances plus ou moins grandes des pôles de croissance et des enclaves dans lesquelles le développement de l’économie mondiale se concentre. Misère et famine, maladies endémiques et épidémies (anciennes et nouvelles) se multiplient. L’analphabétisme, la violence, la criminalité, la corruption refont surface. La misère ranime des conflits locaux, génère des purifications ethniques. Tels sont quelques-uns des effets pervers d’un monde économique qui finalement ne se développe que dans un nombre limité d’enclaves “productives”. Dans ce monde ouvert à la concurrence, on ne peut plus ignorer les décalages sociaux et culturels qu’entraînent la spéculation mondiale sur les monnaies, le surendettement des pays à la poursuite du développement, de même que la course aux armements, car même si les guerres dites mondiales peuvent paraître endiguées par l’existence du “parapluie” nucléaire, les conflits locaux armés se multipliaient sur base des rivalités ethniques, culturelles, politiques ou religieuses exacerbées par les inégalités dans les chances de développement. Le retour de l’éthique s’explique aussi par la révélation et la mesure de plus en plus précise des dégâts du progrès, de la croissance, des rebuts et déchets qu’il engendre y compris sur le plan humain, des nuisances écologiques et des menaces qu’il fait planer sur l’environnement local et planétaire. Dans ces conditions, la faible attention accordée aux grands textes de la pensée sociale des Églises paraissait paradoxale. Pourtant le diagnostic qu’ils fournissaient sur la question sociale mondiale était pertinent. En outre, ils visaient à promouvoir justice et paix dans un monde en globalisation. Cependant, les divers mouvements sociaux, anciens et nouveaux, ne paraissaient pas chercher à s’en inspirer particulièrement. Il est vrai que le communisme apparaissait en voie d’implosion, ; que partout la violence et le terrorisme s’étendait en lieu et place de l’affrontement Est-Ouest et que les indices annonciateurs du « choc des civilisations » s’accumulaient. Ce qui pouvait être source de désarroi.

IV. LA PERTINENCE DE LA PENSÉE SOCIALE CHRÉTIENNE

A d’aucuns, l’enseignement social chrétien qui se veut de portée universelle peut paraître trop général, à distance par rapport aux problèmes spécifiques auxquels, selon les continents, les hommes et les peuples se trouvent confrontés, comme, par exemple, les rapports de races en Afrique du Sud, les rapports entre les castes et les religions en Asie, les rapports de classe en Amérique latine. Pourtant, même si l’on accepte cette diversité à laquelle
les Églises locales se trouvent confrontées et se doivent de répondre, il faut bien reconnaître que la loi d’amour de Dieu et des hommes à la source de la chrétienté a un caractère universel. Pour le chrétien, tout doit découler de cette loi. De nos jours, c’est dans le cadre géopolitique et géoéconomique que se dessine la “nouvelle question sociale” et que cette loi d’amour fraternel et universel doit trouver son application. L’ampleur de cette nouvelle question transcende les rapports entre travail et capital même si, en aucun cas, elle n’efface ce que Léon XIII appela la “question sociale”. La “nouvelle question sociale” se développe par delà la question coloniale. Elle découle de la double dualisation interne et externe qu’entraîne l’intégration des pays et continents à l’économie-monde, dans un cadre où une primauté absolue est donnée à la rationalité économique, à la libéralisation des économies et des marchés. L’insistance sur la “nouvelle question sociale” dans la doctrine et l’enseignement sociaux chrétiens, les accents nouveaux que l’on y découvre découlent des problèmes humains et sociaux, culturels et écologiques, voire éthiques et politiques qui apparaissent dans le sillage d’une économie-monde. A notre époque, on ne peut faire l’impasse sur les lancinants problèmes qui accompagnent l’interconnexion mondiale des réseaux de communication et de transport, la mondialisation des flux financiers et de la spéculation, l’universalisation des marchés, la planétarisation de l’économie, l’internationalisation des entreprises, des circuits de production et des réseaux de sous-traitance. Aujourd’hui, on ne peut ignorer les incidences multiples la globalisation des activités des groupes transnationaux, de la mondialisation et de l’interdépendance d’ensembles complexes d’activités qu’elles soient scientifiques et techniques, industrielles ou ‘servicielles’, commerciales ou culturelles. L’importance indéniable et croissante des effets pervers et des dangers qui s’inscrivent dans le sillage de cette économie-monde, permet de comprendre pourquoi ce développement requiert la couverture d’un ensemble de systèmes de police, de surveillance et de contrôle, ainsi que la protection d’un coûteux parapluie nucléaire: une couverture à laquelle les nations les plus développées n’ont toujours pas renoncé. Enfin il apparaît clairement que cette mondialisation ne se réalise pas séparément de manipulations et d’impositions culturelles par le canal de grands groupes multimédiatiques de communication qui commandent l’information et diffusent slogans et publicités dans le monde au risque de l’involution des langues, traditions et cultures locales et régionales. Face à ces profondes évolutions qui concernent les pays du Nord, comme du Sud, les pays de l’Est, comme de l’Ouest (car tous sont emportés par ces vagues de mondialisation), face aussi aux mutations où tant de pays, de régions et de populations restent à la traîne ou en marge du développement, les Églises se doivent d’expliciter leur position, leur vision de ce qui constitue le véritable développement de l’homme, ainsi que le développement soutenable et durable de l’humanité. Face à des évolutions qui dans nombre de cas tournent au tragique, les Églises ne peuvent rester muettes. La se trouve l’explication de l’actualité de l’Enseignement social des Églises, des problèmes abordés par elle, des accents qu’elles mettent sur tous les aspects pertinents du point de vue du développement de l’homme et de l’humanité. De fait, il ne peut y avoir de véritable développement sans respect de la personne, sans respect des autres. Toutefois, malgré les prises de position répétées des Églises en appui à la “Déclaration universelle des droits de l’homme”, il n’est pas certain que l’acception et la compréhension des droits de l’homme soit partout la même ou encore que les peuples de diverses cultures et civilisations se trouvent à l’aise dans ce qui paraît à tort une conception occidentale de la personne, voire de la société. Il ne peut non plus y avoir de vrai développement sans un souci constant pour la survie et le bien-être de l’humanité entière, sans une attention soutenue à la résolution des problèmes de sauvegarde de l’environnement, sans un rappel constant de la destination universelle des biens et de la nécessité pour les générations présentes d’assurer la transmission intergénérationnelle des patrimoines culturels et naturels de l’humanité. Face à la question sociale devenue mondiale, les Églises font appel à la conscience de l’homme et de tous les hommes qui, quotidiennement imbriqués dans de multiples relations avec d’autres, se trouvent confrontés aux problèmes concrets de fonctionnement et de développement des sociétés, aux conflits d’intérêts qu’implique la vie en commun, aux contradictions entre les principes de liberté et d’égalité, entre les impératifs de justice et de charité. Les messages sociaux des Églises ne s’adressent pas simplement aux catholiques ou aux chrétiens, mais à tous ceux qui s’interrogent sur le sens de la vie et sur la nature de la mission de l’homme dans le monde. Toutefois, les idées sociales des Églises n’ont pas pour ambition de fournir des solutions à des problèmes concrets, de proposer des structures alternatives ou encore d’opter en faveur de telle ou telle organisation de la société. La mission des Églises est avant tout d’énoncer les principes qui doivent présider au développement de la vie, de l’homme, de sa famille, de son travail et de ses relations aux autres, comme aussi au développement des sociétés. Sa mission est de montrer comment ces principes vont conduire au bien commun: celui qui favorise le développement de l’homme et de tous les hommes y compris sur les plans moral, spirituel et religieux. C’est dans cette optique que l’ESC s’attache à définir la qualité de la vie, du travail, des relations de travail, des relations au sein des associations et des communautés diverses. C’est dans cette même perspective que sont définis les objectifs de paix et de justice dans le monde, comme encore les rapports entre peuples, communautés, catégories et groupes, ainsi qu’entre les États et finalement les instances inter-étatiques. Respectueux de la destination universelle des biens mais aussi de la propriété privée nécessaire à la liberté et à la créativité de l’homme, l’ESC souligne l’importance de la sauvegarde des conditions de vie sur la planète et donc de la protection de l’environnement naturel, des ressources naturelles et du patrimoine culturel à destination des générations à la fois présentes et futures.   V. L’IMPORTANCE D’UNE ÉTHIQUE SOCIALE AU SERVICE DE L’HOMME ET DE L’HUMANITÉ   La déclaration de 1986 à Cologne est l’aboutissement de la réflexion et de la détermination d’un groupe de personnes qui estimaient que le message social chrétien était mal connu, mal perçu et mal reçu.. Née de rencontres purement occasionnelles au départ, le groupe s’est mué en une association durable. Partant de la conviction qu’insuffisamment d’efforts sont consentis dans les universités, les mouvements sociaux, les organisations chrétiennes et les communautés de base en vue de l’étude, de l’analyse et de la diffusion de l’enseignement social des Églises, le groupe a décidé de se doter d’une structure permanente et de se réunir de manière récurrente dans le but de favoriser de tels objectifs non seulement en Europe occidentale, mais aussi à l’Est et dans l’ensemble des continents, même si les conditions de base sont diverses et si les évolutions s’y produisent à des rythmes différents. Les idées sociales des Églises appartiennent au patrimoine commun de l’humanité et méritent donc d’être diffusées largement. Outre les réflexions fondamentales que l’Association développe lors des sessions annuelles autour des problèmes toujours nouveaux qui, de manière permanente, émergent de la vie économique, sociale et pol
itique, les membres de l’AIESC se tiennent à la disposition de ceux qui souhaitent développer des initiatives visant à la promotion de l’enseignement social chrétien. Dans cette optique , l’Association a participé à l’organisation de diverses initiatives en Inde grâce au dynamisme du Professeur Xavier Raj, mais aussi au Brésil en réponse aux appels d’Elisabeth Petersen, comme encore en Russie sous la houlette du professeur Patrick de Laubier De nombreuses raisons conduisent à promouvoir d’urgence une telle démarche. En effet, peu au fait de cet enseignement, un nombre croissant de chrétiens se rallient à l’économie libérale de marché, alors même que l’Eglise, soucieuse du bien commun, se déclare en faveur d’une économie sociale de marché. L’engouement pour les idées libérales se développe sans souci des effets pervers d’une économie simplement motivée et développée en vue de l’argent et trop souvent au mépris de toute autre valeur. D’autres, au contraire, ne croient pouvoir résister à cette poussée libérale que par la proclamation d’un credo marxiste, même si, dès 1986 déjà, les informations en provenance des pays communistes de l’Est démontraient à l’évidence l’échec des économies planifiées et des régimes dans lesquels les hommes soumis à la volonté et à la propriété collectives, ont perdu nombre de leurs droits personnels. Face à cette double dérive, il était et reste nécessaire d’énoncer les principes et de construire des institutions vouées au développement de tout l’homme et de tous les hommes. Évidemment, la distance qui est affichée par rapport à l’enseignement social chrétien s’explique aussi par l’écart qu’ils ressentent trop souvent entre le discours des Églises et leurs pratiques, entre les principes énoncés et, par ailleurs, les attentes et problèmes de ceux qui sont au contact des situations concrètes et qui ne saisissent pas d’office en quoi ce discours social et ces principes peuvent les aider. Peut-être n’y a-t-il pas une conscience suffisante de la nécessaire convergence par delà les frontières si l’on veut parvenir à un monde meilleur, supportable et vivable. Quelles que soient les causes de cette ignorance ou méconnaissance, c’est un fait. Il est difficile de nier qu’un nombre croissant d’intellectuels se retrouvent à distance par rapport aux Églises et à l’enseignement social. D’autant que ni les séminaires, ni les universités, y compris catholiques, ne font d’efforts particuliers en vue de la formation des clercs et des laïcs relativement aux grands problèmes économiques et sociaux du monde et aux prises de position des Eglises en ces domaines. Assez paradoxalement, les positions des Églises concernant la famille, le mariage, l’amour et la sexualité, la biologie génétique et la bioéthique provoquent plus de réactions, que l’enseignement à caractère fondamentalement social. Sans doute parce que les révolutions en ces domaines concernant la vie et la protection de la vie touchent plus directement les personnes et les familles. Quels que soient les apports nombreux et consistants, notamment de Jean-Paul Il mais aussi du Conseil Oecuménique des Églises dans tout ce qui concerne l’économique et le social, ce discours est trop souvent passé sous silence, comme si chacun considérait que l’engagement chrétien était avant tout une affaire personnelle et de conscience, comme si le domaine économique n’était pas de la compétence des Eglises. Toutefois, l’objectif du message social chrétien au sein de sociétés pluralistes et différenciées n’est pas de concevoir un projet politique de chrétienté mondiale mais avant tout de produire une illumination de la conscience au service du développement humain. Au passage, il importe de signaler qu’en novembre 1986, grâce à Patrick de Laubier, également chargé de recherches à l’Institut International d’Études Sociales du Bureau International du Travail, l’UVI collabora à l’organisation d’un colloque sur “Travail, cultures et religions”. Ce fût l’occasion de s’interroger sur le sens spirituel et transcendantal que les religions donnent au travail, même si, dans le quotidien, les conditions de travail sont loin de respecter la nature de l’homme et ressemblent d’avantage à de l’esclavage.

VI. LES SESSIONS ANNUELLES

 

LE CÉNACLE, GENÈVE du 29 au 30-10-1987 – L’OUVERTURE A L’EST

Lors de cette rencontre en octobre 1987, le groupe prépare trois colloques. Le premier qui se déroulera en avril 1988 à l’Université du Sacré-Cœur à Milan. Il portera sur les “Méthodes et finalités de l’enseignement social chrétien”. Un deuxième colloque était programmé pour juin 1988 à l’Université Catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve) sur “Les nouvelles questions sociales – Problèmes nationaux et internationaux du développement”. En préparation de ce dernier colloque, le groupe proposa de partir des espaces économique et culturel mondiaux en voie de constitution et d’analyser les problèmes sociaux induits. Sur cette base, il était possible de promouvoir une réflexion sur les impératifs d’un nouvel ordre économique mondial (NOEM) et d’un nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC). Un troisième colloque fût proposé par Xavier Raj, notre représentant de l’Asie au sein de l’UVI. C’est lui qui se chargea de l’organisation et la promotion d’un colloque sur “La contribution de l’Inde à l’Enseignement social chrétien”. Grâce à lui, il pourra se dérouler en Inde au Loyola College de Madras où il enseigne. Dès cette réunion de 1987, une autre préoccupation se manifeste dans le groupe autour de l’évolution perceptible dans les pays de l’Est. De fait, la considération pour les problèmes Nord-Sud ne pouvait éclipser les problèmes que poserait l’émancipation par rapport aux régimes totalitaires à l’Est. D’autant mieux que les problèmes qui se posent sur ces deux axes Nord-Sud et Est-Ouest sont en interdépendance fondamentale. Dès ce moment, il fallait s’atteler à la résolution des questions qui se poseraient inévitablement dans la traduction ou plutôt la transposition du contenu de l’enseignement social chrétien à destination des pays de l’Europe orientale. On ne parlait pas encore de la “maison commune” ou encore des deux “poumons” que les chrétientés d’occident et d’orient pouvaient constituer pour le monde. Mais, dès cette date, le groupe de Cologne se devait d’être attentif à la “nouvelle révolution” en train de se produire dans l’Est européen. Un séminaire fût d’ailleurs organisé à l’Institut catholique de Paris en collaboration avec Évangile et Société sur “l’Enseignement social chrétien et son application dans les pays de l’Europe de l’Est et de l’Ouest”. Par ailleurs, lors de cette réunion à Genève, le groupe promoteur de l’UVI décida de participer activement au lancement et à l’animation du Centre International de Formation Chrétienne dont l’objectif était de développer une année de spécialisation destinée à des étudiants de niveau universitaire d’Europe occidentale, centrale et orientale, entièrement consacrée à l’étude de l’enseignement social chrétien. Dès juin 1989, ce centre s’installera à Ecogia, près de Genève. Quelques années plus tard, il déménagera vers le domaine de Céligny où le Conseil Oecuménique des Églises accepta de l’héberger. Le père Francis Frost y étant chargé de l’animation spirituelle.

GAZZADA du 11 au 12-11-1988

En 1988, la réunion du Comité de l’UVI se tint à la Villa Cagnola à Gazzada près de Varèse en Italie. Il s’agit d’un centre entièrement dédié à la mémoire de Paul VI. L’UVI se définit en marchant. L’association n’a pas de budget propre, même si, grâce au bon vouloir de Pavel Dembinski, elle dispose d’un trésorier: Mais le projet de l’UVI n’est pas de financer et d’organiser elle-même des activités. Il est avant tout de promouvoir et d’aider des initiatives locales et de constituer un réseau d’échange de savoir et de s
ervice. C’est ce qui se réalisa notamment avec l’Institut Catholique de Paris où, durant des années, l’UVI collabora à l’organisation de séminaires consacrés à l’enseignement social chrétien, à la solidarité, aux droits de l’homme… Dès sa création, l’UVI a eu pour objectif de créer des liens entre des personnes et des groupes sur le plan européen mais aussi mondial. Dès son lancement, l’objectif fut sans doute de couvrir l’Europe occidentale, y compris centrale et orientale. Des initiatives devaient pouvoir se développer qui ne seraient pas purement européennes. Ce qui impliquait des liaisons plus vastes avec l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie. A la réunion de Gazzada, l’occasion s’offrit de discuter plus à fond des activités à développer en dehors de l’Europe et notamment à destination de ces trois continents. Une préoccupation que l’on pouvait avoir d’autant plus facilement que le groupe ne comprenait pas seulement des représentants de ces continents du Sud mais aussi et cela depuis la création de l’UVI, d’hommes qui, comme Jean Bornard, ancien président de la Confédération Française des travailleurs Chrétiens, ont lutté durant de nombreuses années à la tête de la CMT (Confédération Mondiale du Travail) pour la diffusion et la mise en oeuvre des valeurs sociales chrétiennes dans le monde. A Gazzada, le groupe fournit à Marco Bordin l’occasion de présenter un rapport sur la situation en Amérique latine. De même, un colloque international sur l’encyclique “Sollicitudo Rei Socialis” fût programmé à destination de l’Afrique noire et francophone. Au cours de l’année 1988 parût un livre collectif “L’enseignement social chrétien – Dimensions actuelles” réalisé par les membres de l’UVI et publié par les Presses Universitaires Fribourg (Suisse).

STRASBOURG du 16 au 23-09-1989

1989 fût une année bien remplie avec, en janvier, le séminaire de Madras en Inde. Dans le sillage de ce premier séminaire, un groupe s’attela à la préparation d’une autre rencontre programmée pour la fin de l’année à Cochin au Kerala où l’on traitera du christianisme face au système des castes. En mars, une partie du groupe se retrouva à Moscou à l’occasion du colloque que l’UVI organisait en collaboration avec les représentants des milieux académiques et syndicaux russes sur “Valeurs morales et éthique dans l’entreprise”. Le rideau de fer n’était pas encore tombé mais les contacts entre l’Europe occidentale et orientale se développaient et les russes ne se montraient pas seulement intéressés par les performances économiques des entreprises et des travailleurs occidentaux mais aussi par les valeurs qui pouvaient s’y développer notamment par le biais de la participation et des droits des travailleurs. Cet échange déboucha sur l’organisation d’un second colloque sur “L’éthique de la communication dans l’entreprise” tenu à Angers en 1990 et organisé par l’Abbé Hyacinthe-Marie Houard, membre de l’UVI. et aussi directeur de l’IRCOM à Angers. En août 1989 se tint à Djrègbé (Bénin) le séminaire destiné à l’Afrique. Il se déroula dans le” Refuge du pèlerin”, un centre international de réflexion et de rencontre animé par Albert Tevoedjre. Son organisation avait été programmée lors de la réunion de Gazzada. “Misereor” en assura. financement. D’autres rencontres autour de l’enseignement social chrétien (ESC) eurent lieu dans le cadre de l’Université de Lublin (Pologne). Ce fût d’ailleurs l’occasion de programmer un colloque à tenir à Varsovie en février 1990. Outre la présentation de l’ESC, le colloque aurait pour but d’analyser deux grands thèmes: Église et politique, éthique et économie. La réunion de l’UVI de 1989 fût également consacrée à une réflexion sur le 100ème anniversaire de l’encyclique “Rerum Novarum” (1891-1991). L’objectif d’une association de volontaires n’est pas d’organiser elle-même des manifestations mais de susciter des initiatives ou d’y participer activement. Le groupe, sous la houlette de Pierre Boisard, discuta du séminaire organisé annuellement à l’Institut catholique de Paris. “Les chrétiens dans la vie publique” fût le thème retenu pour 1989-1990. Au cours de la réunion, il fût encore question de la réalisation d’un lexique sur l’enseignement social chrétien. Une rencontre avait d’ailleurs déjà eu lieu à Rome au siège de “la Grégorienne”. Ce projet, s’est traduit dans une annexe au livre “Pour une civilisation de l’amour”, publié en novembre 1990 chez Fayard par Patrick de Laubier. Ce merveilleux livre comprend également une bibliographie internationale sur l’enseignement social chrétien. Enfin Nicolas Michel fit part des initiatives en voie de développement dans le cadre de l’Université Miséricorde à Fribourg et, notamment, du projet de création d’un centre pour la doctrine sociale.

OSNABRUCK du 18 au 20-10-1990

Une association qui grandit et dont les activités se développent doit finalement penser à des statuts. Il en fût question à Osnabrück. On décida de faire de l’UVI une fondation de droit privé suisse. Patrick de Laubier et Nicolas Buttet se chargèrent de la mise au point des statuts et de leur publication. On s’entretint également des moyens financiers, même si ceux-ci sont faibles. En fait, l’UVI ne peut organiser ses activités que grâce aux moyens qui lui sont alloués à partir de diverses sources, comme la Fondation Konrad Adenauer ou Misereor, voire de dons personnels. La réunion d’Osnabrück fut l’occasion de préciser le thème du séminaire à l’Institut catholique de Paris “La loi naturelle dans l’enseignement social chrétien”. On y prépara également les colloques de Moscou programmés pour septembre 1991, d’abord celui à l’Académie du Travail sur le thème “100 ans de mouvements sociaux”, puis celui à l’Institut des Jeunes visant à une comparaison des politiques sociales en Europe occidentale et orientale. Le groupe consacra une soirée à l’écoute des amis de l’Europe centrale. Casimir Szalata et Stéfan Wilkanowicz (Pologne), Miklos Tomka (Hongrie) firent un large tour d’horizon sur la situation des Églises et sur l’écho de ESC dans leur pays. Dans le courant des deux journées, les membres purent faire connaissance avec le centre dirigé par Manfred Spieker, professeur à la faculté de théologie d’Osnabrück. La réunion permit aussi d’échanger les nombreuses informations relatives aux journées d’études, colloques et séminaires déjà prévus pour fêter, en 1991, le 100ème anniversaire de “Rerum Novarum”. L’association décida, en outre, de s’adjoindre quelques nouveaux membres, tels Thomas Hongsoon Han de Corée, Charles-Valy Tuho de la Côte d’Ivoire, Nicolas Michel de l’Université de Fribourg et Miklos Tomka de Hongrie. Mais l’UVI ne pouvait se limiter au monde de la francophonie. Des initiatives devaient être prises en vue de pénétrer le monde anglophone dont le Père Francis Frost allait devenir le représentant au sein du groupe. Toutefois une occasion se présentait de participer au colloque organisé en juillet 1991 par le von Hügel Institute qui fonctionne dans le cadre du St. Edmund’s College de l’Université de Cambridge. Ce colloque suscité par l’International Conference on Social Values avait pour but de célébrer le 100ème anniversaire de la parution de “Rerum Novarum”. Il fût convenu que Jacques Delcourt y représenterait l’UVI. Ce colloque fût le premier d’une série d’autres organisés tous les deux ans en 1993 et 1995 à l’Université d’Oxford. La réunion d’Osnabrück se termina par un exposé de Nicolas Buttet qui, suite à sa participation au rassemblement oecuménique de Bâle, entretint le groupe du “développement soutenable” et de l’importance à accorder dans l’avenir à la réflexion sur la destination universelle des biens.

LOUVAIN-LA-NEUVE du 17 au 19-10-1991

La rencontre de Louvain-la-neuve fût l’occasion de larges échanges sur les activités et les expériences vécues durant cette année entièrement centrée sur le centième anniversaire de “Rerum No
varum” et sur la lettre encyclique “Centesimus Annus” de Jean-Paul II. Au cours de cette année, chacun des membres avait assisté et participé activement à une multiplicité de colloques qui se tinrent notamment à Fribourg, Nantes, Cambridge, Moscou, Pampelune… 1991 fut en outre l’occasion d’un colloque organisé à Céligny (près de Genève) au Centre de formation du Conseil Oecuménique des Eglises où des représentants des Églises orthodoxes et des Églises protestantes en collaboration avec les membres de l’UVI dialoguèrent et discutèrent de la position des Églises sur les divers problèmes sociaux de notre monde. L’assemblée eut l’honneur de rencontrer et d’entendre le Docteur Emilio Castro, Secrétaire général du C.O.E. sur les défis de notre temps, les limites du marché et les rapports délicats entre les Églises et les États, notamment dans les pays ex-communistes. Certaines des contributions à ce colloque oecuménique ont été éditées par le Père Francis Frost dans un opuscule publié en 1994 par les Presses universitaires de Fribourg et intitulé: “Le défi de l’ère post-communiste et l’enseignement social chrétien”. On y discuta notamment du colloque conçu par Xavier Raj sur le vaste problème du dialogue inter-religieux en Inde et des conditions d’’inculturation’ du christianisme. A Louvain-la-Neuve, l’UVI se pencha aussi sur les problèmes démographiques et économiques mondiaux en partant de l’exposé fait par le professeur Michel Schooyans de l’UCL sur les travaux de recherche qu’il conduit en ces matières.

CRACOVIE du 15 au 17-10-1992

La réunion de Cracovie fût évidemment l’occasion d’un large tour d’horizon sur la situation de la Pologne à partir d’un passionnant exposé par notre hôte Stefan Wilkanowicz qui, à Cracovie, dirige Znak, la revue des intellectuels catholiques polonais. Une soirée fût consacrée à discuter avec un groupe d’étudiants universitaires entrés de plain-pied dans la civilisation de l’informatique mais très préoccupés des problèmes éthiques et notamment de l’éthique des affaires au sein d’une économie de marché en plein développement. Comme à l’accoutumée, au cours de la réunion, on aborda le sujet des colloques et publications et, notamment, des initiatives foisonnantes de Casimir Szalata en Pologne et de Xavier Raj en Inde. Le premier prépare un colloque qui aura lieu novembre 93 à Varsovie sur le thème de “La loi naturelle et les problèmes socio-éthiques”. Quant à Xavier Raj, il proposa d’organiser un nouveau colloque sur l’ESC à la chaire du Christianisme de l’Université de Madurai. en janvier 1994. La dernière séance de travail fût animée par Patrick de Laubier sur le thème “Une “civilisation de l’amour” et sur l’importance de distinguer les deux pôles de l’ESC avec, d’un côté, le pôle rationnel de la doctrine sociale et, de l’autre, le pôle prophétique: celui qu’inspire la civilisation de la vie et de l’amour. A la base de ce deuxième pôle se trouve l’anthropologie chrétienne: celle qui, partant la destinée ultime de l’homme et de la reconnaissance de sa nature religieuse, transforme radicalement la vision de l’homme et de ses relations aux autres et donne à la fraternité et à la solidarité leur caractère absolu et leur dimension universelle.

SAINT MAURICE du 2 au 4-09-1993

La réunion de ST. Maurice dans le Valais marque un tournant dans la vie de l’UVI. Pierre Boisard appelé à des charges importantes dans le cadre du Secours catholique se voit contraint d’abandonner la présidence du groupe qu’il assume depuis 1986 année de sa constitution à Cologne. Sous sa houlette l’UVI s’est développée. Bien que Pierre n’ait pas pu nous rejoindre, un hommage chaleureux lui a été rendu par Patrick de Laubier. L’UVI se choisit alors un nouveau président en la personne de Manfred Spieker. Compte tenu de l’élargissement des activités et de la volonté de produire et de diffuser un plus grand nombre de textes, le groupe décide de nommer Jacques Delcourt à la vice-présidence. C’est à St. Maurice que le nouveau président usant de ses prérogatives proposa de changer d’appellation. L’UVI se transforma en une « Association Internationale pour l’Enseignement Social Chrétien ». A St. Maurice, on accueillit dans le groupe François et Anne de Saint Blanquat. La cooptation d’un couple fournit l’opportunité de discuter de l’accès des femmes à l’AIESC, certains jugeant l’Association de composition trop masculine, même s’il arrive que certaines épouses y participent . Parmi les projets d’activité, Patrick de Laubier parla de l’organisation d’un colloque consacré à l’étude des rapports entre Église et État et qui sera organisé à St. Petersbourg en collaboration avec la société Soloviev de Moscou, ainsi que d’un autre colloque sur l’Enseignement social et les religions qui, lui, se tiendra à Moscou durant les mois de septembre et octobre 1994. La dernière matinée fût comme de coutume consacrée à une discussion plus générale introduite par le Père Frost qui, se basant sur son expérience et ses recherches, explicita quelques-unes des différences perceptibles dans la présentation du message chrétien par les protestants et par les catholiques. Les premiers insistant sur la nécessaire “contextualisation”, là où les seconds parlent avant-tout d’inculturation.

LOURDES du 8 au 10-09-1994

A Lourdes, la réunion fût organisée par Anne et François de Saint Blanquat. Le groupe y fût accueilli dans une communauté d’Emmanuel. C’est à cette occasion que Egle Laumenskaite fit son entrée dans l’association. Elle est Professeur de sociologie à l’Université de Vilnius en Lituanie. D’emblée elle a proposé à l’AIESC d’organiser un colloque en collaboration avec le “Center for Religious Studies” dont elle assure la direction à Vilnius: ce qui se réalisa quelques mois plus tard. A Lourdes, les trois premiers cahiers édités par l’association furent présentés aux membres qui souhaitèrent que l’on en continue la publication. A ce jour 7 cahiers ont été distribués. Miroslav Novak, Professeur à l’Université de Prague, se proposa de publier les actes du colloque qui y fût organisé en avril 1994 en collaboration avec l’Académie chrétienne et l’AIESC. A Lourdes, les membres s’engagèrent à consacrer plus de temps à la rédaction d’articles et à la publication. En effet, de tels efforts étaient nécessaires pour assurer un travail approfondi sur les différents thèmes abordés dans l’ESC et pour valoriser et diffuser les résultats du travail accompli par l’association. Chacun s’engagea de transmettre un texte pour la fin de l’année. Un autre colloque dont il fût question à Lourdes devait se dérouler à Toulouse à l’Institut catholique. Fort malencontreusement pour des raisons indépendantes de l’AIESC, il dut être reporté “sine die”. La réunion de Lourdes se termina par un exposé du Père Frost sur ses recherches concernant la spiritualité et la théologie de la famille. De ces travaux, il fût d’ailleurs fait écho dans un cahier de l’association.

ROME du 7 au 10-09-1995

Depuis quelques années déjà, certains rêvaient d’organiser une réunion à Rome. L’occasion s’en présenta et grâce à la diligence de Manfred Spieker, le président de l’Association et de Patrick de Laubier, son secrétaire général, grâce aussi à leurs bonnes relations avec le Saint Siège, les membres de l’Association furent reçus en audience privée à Castelgandolfo par sa Sainteté le Pape Jean-Paul II. Ce fût un moment de grande émotion. Cette réception constituait à la fois une reconnaissance du travail accompli par l’Association et, en même temps, un encouragement au développement de ses activités. Comme par hasard, à Rome, Patrick de Laubier venait d’atteindre la soixantaine. Par ailleurs, peu avant (fin 1994), il avait publié chez Guibert à Paris un bel ouvrage “Le temps de la fin des temps – Essai sur l’eschatologie chrétienne”. En cachette, Pavel Dembinski et Nicolas Buttet avaient pris grand soin d’en avertir chacun e
t de réclamer à tous les volontaires un article à publier dans un livre d’hommage à Patrick. Ce fût un tour de force mais le soir de la visite à Castelgandolfo, à la fin de la réunion de travail, le groupe pût lui offrir, très correctement relié, le livre intitulé “La civilisation de l’amour: un projet pour le monde contemporain”. Ce livre en hommage à Patrick a été rédigé à la fois par des membres et des amis de l’AIESC. A Rome, Jean Yves Naudet, Doyen de la Faculté de Droit à l’université d’Aix en Provence, participa pour la première fois aux travaux de AIESC. Suite à une proposition de Stefan Wilkanowicz, l’AIESC se propose d’avoir un @mail et d’utiliser l’internet pour communiquer et diffuser. D’ailleurs, plusieurs membres communiquent déjà entre eux par ce canal. Comme, il se devait , une large part de la rencontre a été consacrée à une discussion du Jubilé de l’an 2000. Ce jubilé fournit incontestablement l’occasion de réfléchir aux grands défis de notre temps et de tenter de lever les obstacles au dialogue entre les cultures, voire entre les diverses religions du monde. Pour la prochaine réunion en 1996, chacun s’engage à rédiger une brève note dans laquelle il définira son point de vue et son angle d’approche de l’ESC. En outre, il est décidé d’étudier “La société civile à la lumière de l’ESC” car tel sera le thème à discuter lors de la prochaine réunion de l’AIESC que l’on espère tenir à Reims, lieu du baptême de Clovis en 496.

REIMS du 6 au 9–09-1996

A Reims, ville du baptême de Clovis I, Roi des Francs, converti à la foi catholique en 496, l’AIESC est accueillie dans le Grand Séminaire grâce à Mgr. Defois, Evêque du lieu mais aussi membre de notre association. Malgré ses charges, il acceptera de nous entretenir de ce 1500ème anniversaire de la conversion de Clovis et nous explicitera la signification et de l’importance du baptême non seulement de Clovis mais aussi pour toute personne comme pour les collectivités et les sociétés. Le baptême est un engagement pour la vie, d’un engagement dans le monde en fonction d’une vision chrétienne. Sur base de l’histoire de Clovis, on ne peut nier les conséquences sociales du baptême, le premier des sacrements même si ces conséquences ne sont pas toutes nécessairement positives. La vision de Dieu tenue par Clovis est celle d’un Dieu puissant, pas celle d’un misérable mort sur la croix. Cela conduit Clovis à fonder une théocratie, une société théocratique où les rapport sont étroits entre Eglise et foi et, par ailleurs, la politique et la société. Le prestige de Geneviève de Paris contribuera à tempérer diverses outrances de Clovis qui n’y allait pas de main-morte dans la lutte contre l’hérésie des Ariens… Il importe, en outre de ne pas mettre St Remy dans l’ombre, lui qui fut le baptiseur. Ainsi donc, déjà en ces temps éloignés, se posait à l’état embryonnaire la question de la présence et du rôle des chrétiens dans la société civile. Dans le cadre de cette session, divers thèmes furent abordés. Deux d’entre eux apparaissent particulièrement significatifs. Pour la première fois, on s’est mis à analyser la civilisation du Marché qui s’inscrit dans le sillage de la société et l’économie de marché : une forme de civilisation qui s’épanouit d’autant mieux que l’Etat s’affaiblit, que la famille tend à se désagréger et que les entreprises gagnent en légitimité. Cette civilisation du Marché allait-elle éclipser la civilisation de l’Amour : celle que nous nous attelions à développer ? Mais le thème central soumis à discussion fut celui de la société civile dont l’action ne se limite pas à l’économie, car celle-ci ne constitue qu’un aspect de la vie humaine. En outre, l’économie n’assure pas la solidarité. Il faudrait donc éviter que l’économisme affaiblisse la société civile parce que c’est elle qui peut le mieux assurer le développement de la solidarité au divers niveaux de décision et d’action, y compris dans les espaces de proximité. Le thème de la société civile résonne bien dans le monde chrétien qui a toujours souhaité donner de l’importance aux groupes intermédiaires et à la subsidiarité. Ces institutions, mouvements et groupes de la société civile sont indispensables à la conciliations entre les exigences de la croissance et les impératifs de la cohésion sociale.

SARAJEVO du 18 au 21-09-1997

Dans un souci d’ouverture, l’AIESC choisi de se réunir chaque année dans un pays différent : une fois dans les pays du centre-européen, l’année suivante dans les nouveaux pays destinés à devenir membres de l’Union européenne. En 1997, par l’intermédiaire de Manfred Spieker ; les membres de l’AIESC et quelques amis furent reçus au Grand Séminaire de Sarajevo dans un bâtiment qui, heureusement, n’a pas trop souffert de la guerre que ce sont livrées les serbes, les croates et les bosniaques, même s’il était proche des lieux d’affrontement. Du toit de ce bâtiment récemment récupéré par l’Eglise, on peut contempler une grande partie de cette belle ville de Sarajevo. Cette vision d’en haut contraste avec celle des destructions et des carnages dont la trace reste gravée et que l’on aperçoit avec horreur lorsqu’à la sortie de l’aéroport et pour se rendre en ville, on traverse les divers quartiers. L’objectif de cette session à Sarajevo était évidemment de comprendre les tragiques événements qui se sont déroulés dans le cadre de la lutte pour l’indépendance de la Croatie mais aussi de reconnaître les oppositions sanglantes qui ont pu se développer entre des adeptes de religions différentes même si chacune d’elle honore le même Dieu. Sarajevo est une ville au croisement des cultures et des religions. En Europe, cette diversité ne se retrouve nulle part ailleurs avec une telle intensité. Les amis croates ont donc tenté de nous faire comprendre ce qui s’est passé et de nous montrer comment on en est venu à remuer des siècles d’histoire pour trouver des justifications aux combats sanglants opposant serbes, croates et bosniaque; ou les chrétiens, orthodoxes et catholiques, et les musulmans adeptes de l’Islam. Ces combats ont forcé l’exode de populations entières : plus de 400.000 catholiques ont été chassés de leur maisons et villages. Lors de son récent passage par Sarajevo, Jean-Paul II avait avec lucidité mis en avant un certain nombre objectifs : la poursuite de la paix, mais aussi la nécessité d’un re-développement inspiré des principes chrétiens, comme aussi la lutte contre toutes les formes d’injustices. Il y avait aussi insisté et particulièrement sur la défense et la protection des minorités… Mais nos hôtes n’ont pas manqué de nous montrer que ce serait une illusion de croire que les combats de libération et d’indépendance ont été avant tout le résultat de la volonté des populations. En fait, la Yougoslavie est née d’une imposition de l’extérieur, d’une politique voulue et menée par l’Alliance des nations victorieuses au cours de la première grande guerre. Les frontières ont été imposées à l’encontre des appartenances culturelles et religieuses. Par la suite, le régime mis en place à la fin de la dernière guerre mondiale à voulu la disparition de l’Eglise, l’éradication de la religion, la destruction des communautés de vie et des relations humaines découlant des appartenances religieuses. Ce qui a conduit à l’exacerbation. La grande question est de savoir quelle politique que l’Europe veut mener dans le présent et dans la reconstruction des nouvelles entités. Aux yeux de nos hôtes, elle apparaît sans réel projet. On a besoin d’importants moyens si, par delà la reconstruction physique, on veut guérir les cœurs. Telles sont quelques conclusions que l’on peut tirer des nombreuses conversations et visites mais aussi des entretiens que nous avons eu avec le Cardinal Pulic, mais aussi a
vec l’évêques Komarica, des prêtres et des laïcs. Pour ceux qui ont pu participer à cette session, le souvenir de ce passage par Sarajevo est indélébile, comme celui de la visite et de la messe à Medugorje.   ANGERS du 3 au 6-09-1998 Il faut être passé par Angers pour comprendre exactement ce que l’on entend par la « douceur angevine ». A Angers, nous avons été accueillis par l’Abbé Hyacinthe-Marie Houard, Fondateur et Directeur général de l’IRCOM qui nous reçoit fort agréablement dans le magnifique cadre et les splendides bâtiments de son institution : l’Institut des relations Publiques et de la Communication. Cette session largement animée par l’IRCOM est centrée sur l’entreprise : une institution qui se construit sur base d’un ensemble de relations humaines et de communications à la fois internes et externes. Même si elle est centrée sur le profit, l’entreprise n’échappe pas à nombre de problèmes éthiques dans sa gestion journalière mais particulièrement lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des plans de modernisation et de restructuration. Cette gestion ne peut concevoir sans un dialogue avec les travailleurs et leurs représentants au sein des instances légitimes, tel le Conseil d’entreprise, par exemple ; sans concertation avec les administrations, mais non plus sans prévisions, sans programmation d’actions préventives visant à garantir l’employabilité des travailleurs en les préparant aux changements, sans la mise en place de cellules de reclassement lorsque des licenciements s’imposent, sans l’établissement de bilans de compétence, sans élaboration d’un projet de formation complémentaire avec le travailleur licencié lorsque ceci apparaît indispensable à la découverte d’un nouvel emploi… L’employeur, particulièrement l’employeur chrétien ne peut se soustraire à ses responsabilités sociales, même si dans les économies et les sociétés les plus avancées, la tendance est plutôt à la dérégulation. Divers employeurs s’engageant dans le débat soulignent l’importance des rendements, la nécessité de fabriquer du consommable, l’impératif de la modernisation, l’obligation de recourir à des fusions et à des regroupements : tous impératifs conduisant inéluctablement à des dégraissages d’effectifs, à des délocalisations, comme si les entreprises pouvaient survivre sans attaches locales, sans enracinements locaux. Cette discussion sur les opportunités d’appliquer l’enseignement social chrétien au sein des entreprises a débouché très rapidement sur le problème du chômage devenu endémique au sein des sociétés. A ce problème, il faut absolument trouver des solutions. Dans cette perspective, certains participants insistèrent sur la nécessité de mobiliser les agents par rapport à l’emploi et de développer de nouvelles initiatives sur le plan local, y compris des coopératives. Ne serait-il pas temps de promouvoir sérieusement le « tiers secteur », celui de l’économie sociale à développer entre les secteurs public et privé, et de s’atteler à la production de biens et de richesses non-marchandes. En fin de session, Patrick de Laubier, le fondateur de notre association, nous a transporté à un étage supérieur de réflexion à travers une présentation de l’Apocalypse de St. Jean : un vrai régal intellectuel.

GENEVE du 2 au 5–09-1999

La réunion au Cénacle à Genève prend l’allure d’un examen de conscience et débouche sur une réflexion quant au devenir de l’association. On se trouve pour ainsi dire à la croisée des chemins. On est à la recherche d’un second souffle. L’association doit se rajeunir et s’élargir : c’est un impératif catégorique. Elle doit aider chacun à développer son action. Elle doit répondre aux demandes qui lui sont adressées en vue de l’organisation des colloques et des formations sur l’enseignement social chrétien. Elle doit aussi réfléchir et discuter de thèmes d’actualité, tels les nouveaux rapports qui s’établissent ou doivent s’établir entre capital et travail dans le cadre d’une mondialisation en voie d’accélération. Le décalage apparaît énorme entre un capital qui se déplace dans le monde à la vitesse de la lumière et le travail, un facteur beaucoup moins mobile et soumis à des législations nationales en voie d’être contournées. Ensemble, nous tentons de faire l’inventaire des transformations engendrées par la mondialisation et des défis multiples qu’elle pose à la pensée sociale chrétienne sur les plans démographique, économique et techno-scientifique, culturel et politique.

  1. Les défis démographiques

–       le déséquilibre du développement démographique dans le monde ; –       la croissance du nombre des migrations internationales –       la désagrégation de la famille et la diversité grandissante des modèles de famille ; –       la transformation des relations intergénérationnelles –       l’inégalité de fait entre les sexes…

  1. Les défis économiques et techno-scientifiques

–       la nécessité du développement d’une solidarité à la dimension du monde en réponse à l’interdépendance croissante entre les nations découlant de la globalisation ; –       les multiples conséquences d’un développement accéléré des innovations scientifiques et technologiques ; –       les disjonctions et déséquilibres naissant de la différence dans la mobilité internationale du capital, du travail et de la connaissance ; –       les inégalités criantes sur les plan économique et social entre les population des diverses régions du monde ; –       la diversification des formes de marginalité, de précarité, de discrimination et d’exclusion; –       la montée des phénomènes de corruption, la multiplication des tensions,     des conflits et de la violence dans le monde.

  1. Les défis culturels

–       les chocs entre civilisations et entre religions : une conséquence de la globalisation ? –   la multiplication des luttes inter-ethniques ; le problème du racisme –       l’impact de la diffusion des médias individuels et collectifs de communication ; –       les problèmes de la vie et de la protection de la vie à travers la révolution biotechnique ; –       la nécessité du respect des droits de l’homme ; –       l’importance de combattre les inégalités culturelles mais aussi de sauvegarder les droits culturels, notamment des minorités ; –       les problèmes découlant du fondamentalisme et du sectarisme religieux mais aussi de l’engouement suscité par le « new age » ; –       la question des rapports entre foi et raison, entre science et religion.

  1. Les défis politiques

–       la diversité des formes de gouvernance au niveau des Etats, des continents et du monde ; –       la nécessité de la construction d’une société civile mondiale ; –       le paradoxe de re-développement des identités locales, régionales et nationales dans la mondialisation ; –       l’importance de concevoir des nouveaux modes de dialogue et de concertation entre travail et capital sur le plan mondial ; –       l’importance de l’octroi et de la protection des droits des minorités –       la construction d’une architecture permettant le développement et l’acheminement de l’aide humanitaire particulièrement dans les conflits ou les civils sont de plus en plus souvent impliqués ; –       l’importance d’une réflexion sur les fondements et contenus d’une éthique universelle ; –       le respect du pluralisme et des impératifs d’un fonctionnement démocratique. Sur cette base, les voies étaient ouvertes vers une nouvelle ère de développement de l’AIESC. FRASCATI du 7 au 10-09-2000 Nous étions à Rome en même temps que les intellectuels catholiques dont c’était le grand rassemblement : ce qui nous permit d’assister à la messe solennelle célébrée par Jean-Paul II sur l’Esplanade devant l’Eglise St. Pierre mais aussi d’entendre le Pape nous parler de la mission des intellectuels et des universités catholiques dans le monde. Ce fut un moment de grande ferveur et de profond recueillement. A Frascati, notre session annuelle se déroula dans un centre conçu pour l’accueil de groupes de discussion et de réflexion. Nous allions pouvoir y profiter d’un calme contrastant avec l’effervescence de la ville de Rome. A Frascati, Jacques Delcourt terminait son mandat de trois ans à la présidence de l’Association. Un nouveau Président et deux vice-Présidents allaient être élus. Ce qui fut fait. Le nouveau Président est Jean-Nicolas Moreau. A Genève, l’année précédente, on avait tracé le programme de la session 2000, celle au cours de laquelle on changeait de siècle. Notre objectif n’était pas de résoudre tous les problèmes soulevés dans le cours de la session genevoise mais de poser la question du rôle de l’enseignement social chrétien dans la recherche de solutions pratiques aux problèmes du monde contemporain. Or, quelle que soit la richesse de cet enseignement, son contenu ne peut aisément se répandre que dans un milieu culturel déjà évolué ou encore dans un milieu à l’écoute : ce qui est loin d’être acquis. Par ailleurs, comme le soulignait Jean-Yves Naudet, l’ESC nous fournit un regard sur la réalité mais ne nous fournit pas les solutions pratiques. C’est à la recherche de ces solutions qu’il faut aller. Mais si les problèmes sont globaux, les solutions sont souvent locales. Une large réflexion s’impose mais on ne peut escamoter les réalités du terrain sur lequel on s’active. Par delà la reconnaissance des difficultés qui naissent dans la vie concrète, divers grands problèmes ont été abordés. Il fut beaucoup question des rapports entre éthique et marché, notamment à travers l’exposé d’Aad Van Kouwenhove. On dénonça aussi la pauvreté lancinante et insupportable qui accable diverses parties d’un monde pourtant en formidable développement économique. De même, on discuta fermement de l’opportunité et de la manière de construire une société civile mondiale capable de faire contrepoids à des institutions internationales et mondiales au fonctionnement régi par les Etats mais à l’écart de tout contrôle réellement démocratique. La faiblesse des instances de gouvernance mondiale n’empêche pas qu’elles puissent souffrir d’un profond déficit démocratique.

VARSOVIE du 7au 10-09-2001

Diverses circonstances et divers contretemps ont empêché l’organisation de la session 2001. Malgré son dévouement et sa bonne volonté, Jean-Nicolas Moreau a été obligé d’annuler la rencontre annuelle. Toutefois, en 2001, le 13 mai, bon nombre de membres de notre Association ont eu le privilège, l’honneur et la joie d’assister à l’ordination sacerdotale de notre Secrétaire général, le Professeur Patrick de Laubier. Il fût consacré prêtre par le Pape Jean-Paul II lors d’une belle et grande cérémonie religieuse. Le lendemain nous assistions à sa première messe.   ANGERS du 12 au 15-09-2002   En 2002, les membres de l’AIESC se sont, une nouvelle fois, retrouvés à Angers dans le cadre de l’IRCOM : cet Institut qui depuis 1984 forme des hommes à la communication en s’inspirant de la doctrine sociale de l’Eglise. L’accueil par l’équipe animée par l’Abbé Hyacinthe-Marie Houard et Pierre Collignon est toujours aussi chaleureux. Lors de cette session, il fut beaucoup discuté des problèmes d’organisation de l’AIESC et, notamment de l’absence d’un secrétariat à caractère permanent. Fort heureusement Pierre Collignon, le collaborateur immédiat de l’Abbé Houard et son successeur désigné, a accepté de prendre à sa charge la gestion du secrétariat et de la comptabilité. C’est là un beau cadeau qui nous est fait par l’IRCOM qu’il nous faut solennellement remercier. L’IRCOM nous fournit en outre l’accès à son site internet de sorte que les contributions écrites distribuées aux participants lors de nos sessions annuelles sont aujourd’hui accessibles à quiconque. Comme de coutume, une part de la session a été consacrée à un tour d’horizon sur les activités et les travaux développés par les membres en vue de la promotion de l’enseignement social chrétien. Ce temps d’écoute réciproque permet de découvrir la diversité des engagements de chacun mais aussi le rayonnement qui en découle pour l’AIESC. Une journée entière de la session a été consacrée à l’écoute de l’entreprise considérée comme un lieu important d’application de l’enseignement social chrétien. Plusieurs chef d’entreprise et de directeurs des relations humaines nous ont expliqué ce qu’implique, dans le concret, la volonté de tenir comte des principes sociaux chrétiens dans les divers réseaux de relations d’une entreprise qu’il s’agisse des relations avec les fournisseurs, les travailleurs, les clients, les actionnaires ou les banques ou encore des relations avec le voisinage ou les administrations. La réunion se termine par la réélection de Manfred Spieker, à la suite à la démission de Jean-Nicolas Moreau mis en impossibilité de continuer son mandat à la présidence de l’Association. Patrick de Laubier, le père fondateur de l’Association, est nommé à vie Président d’Honneur.

PRAGUE du 4 au 7-09-2003

« Politique et économie – leurs fondements moraux et spirituels », tel fut le grand thème retenu pour la discussion.. A Prague, nous fumes accueillis dans la Maison de retraite en annexe au couvent des Sœurs carmélitaines. L’organisateur principal et notre hôte était le Professeur Lubomir Mlcoch, Doyen de la faculté Economique de l’Université Charles de Prague et Vice-Président de notre Assoociation.. L’objectif de la session était d’étudier plus en détail les différents domaines d’engagement politique des catholiques et plus largement des chrétiens en partant du texte « Paix et Justice » publié par les Evêques tchèques. Ce texte comprend un chapitre sur les bases spirituelles d’un capitalisme démocratique. Mais un autre objectif complémentaire était de faire le point et de discuter sur les processus de transition postcommunistes dans les pays d’Europe centrale et de l’Est, ainsi que les développements récents repérables dans les démocraties occidentales et particulièrement dans la gestion des domaine politiques et économiques. La réunion annuelle de Prague a fourni l’occasion de recruter plusieurs nouveaux membres parmi les personnalités présentes à la réunion et parmi lesquelles nous tenons à souligner la présence de l’Evêque auxiliaire de Prague, Monseigneur Vaclav Maly. Cette session fut en outre l’occasion d’une analyse et d’une discussion d’un document récemment publié le 16 janvier 2003 par le Saint Siège mais conçu et rédigé Congrégation de la Foi sur l’engagement politique des catholiques. Quelques-uns des membres présents ont présenté un livre portant sur les différents aspects de lESC édité par Pierre Collignon à l’occasion du soixantième anniversaire de Manfred Spieker.   PAMPELUNE du 9 au 12-09-2004 A Pampelune, l’AIESC a été accueillie dans la belle et grande Université de Navarre. L’organisation de la session avait été laissée aux mains du Professeur Rafael Alvira qui se dévoua corps et âme au bien-être et à la qualité de vie du groupe. Pour ce faire, il avait à mobilisé le soutien de son université mais par delà, celui de la Ville de Pampelune et de la Région de Navarre. La session connut un large succès et permit le recrutement de quelques nouveaux membres notamment parmi les nombreux amis espagnols qui nous ont fait l’honneur de part
iciper à nos débats. « Entre ordre et chaos : temps et espace dans le cadre mondial actuel » : tel fut le large thème mis en discussion. Globalement, celle-ci peut être résumée en quelques grands thèmes. D’abord celui de la démocratie : un mode de gouvernance avec lequel l’Eglise s’est tardivement réconciliée. En effet, la souveraineté populaire n’assure pas nécessairement le respect de la dignité de la personne et pourrait se développer au détriment de la liberté de conscience. La démocratie n’a de valeur que dans le respect de la liberté et des droits des personnes. Elle n’est bénéfique que si elle contribue à la recherche du bien commun et donc le bien de tout homme et de tous les hommes. Elle n’est acceptable que si la laïcité qui impose la séparation entre l’Eglise et l’Etat, ne fait pas de la religion une affaire simplement privée, bannissant ainsi toute expression collective inspirée par une appartenance religieuse ou par une référence éthique communes. La démocratie, c’est aussi le résultat d’un combat mené par les citoyens : la transition des pays de l’Est à la démocratie en atteste. Plusieurs exposés en ont traité. Mais aujourd’hui, le problème de la gouvernance démocratique dépasse largement les frontières des Etats. De nombreuses institutions internationales ont été développées sur le plan européen et des continents, ou encore sur le plan intercontinental et mondial. Face à la mondialisation qui se développe sur le plan économique, commercial et financier, face à la mobilité croissante des capitaux, des marchandises et des personnes, et suite à la révolution dans les communications et les transports planétaires, les institutions internationales développées une à une sont sans doute respectables mais sont loin d’être de correspondre à la dimension des problèmes qui se posent et des solutions qui s’imposent. Ces institutions constituent sans doute les éléments de base indispensables à la construction d’un système de gouvernance mondiale. Mais telles qu’elles fonctionnent, elles sont loin de pouvoir gérer et de résoudre les conflits qui parsèment le monde ou encore de réduire les inégalités criantes qui se creusent entre les pays du nord et du Sud.. Sur ce plan international et mondial, on a sans doute peine à concevoir la manière dont la démocratisation pourrait être développée : d’une part parce que les Etats continuent à se déclarer souverains ; d’autre part, parce que la société politique et civile mondiale entre à peine dans sa phase de construction.

FRIBOURG du 8 au 11-09-2005

Cette session a été préparée par Nicolas Buttet et Pavel Dembinski en collaboration avec Manfred Spieker et Pierre Collignon, respectivement Président et Secrétaire de l’Association. La session s’est tenue dans la maison-mère de la Communauté Eucharistein où nous étions également hébergés, mais une des journées, celle du vendredi, s’est déroulée dans le cadre de l’Université de Fribourg et en collaboration avec elle. Notre lieu de rencontre était particulièrement bien choisi. En effet, l’Institut européen d’études anthropologiques dans lequel nous discutions et résidions, venait de lancer une nouvelle formation d’une année (700h. réparties sur 35 semaines) dont l’objet scientifique est de donner une vision intégrale de la personne humaine sous un double regard philosophique et théologique. Nous avons d’ailleurs eu la chance de rencontrer Yves Semen, son Directeur, et de l’entendre expliciter les objectifs de cette nouvelle et précieuse formation. En 2005, 40 ans venaient de s’écouler depuis la parution de « Gaudium et Spes » : un des document fondateurs de la doctrine sociale de l’Eglise. L’objectif de notre conférence, était de discuter de problèmes et de thèmes en rapport avec l’anthropologie qui se dégage du document précité et de découvrir les chemins conduisant à une civilisation digne de l’homme : une réflexion d’autant plus urgente que certains, face à l’évolution du monde moderne, n’hésitent pas à parler de la crise anthropologique qui l’affecte profondément. Sam Gregg, un ami américain, Directeur de l’Acton Institute for the Study of Religion and Liberty, nous a exposé la conception chrétienne de la personne et de la nature humaines. Divers exposés ont ensuite été consacrés aux obligations de protection de la vie de ses débuts à la fin. Au cours de cette session, la crise anthropologique qui découle d’une vision technicienne et scientiste, mais aussi d’une philosophie hédoniste et relativiste de la vie, a été analysée dans ses diverses dimensions : à travers une réflexion sur l’évolution du travail et sur l’importance du respect de la personne mais aussi de la communauté de travail ; dans le domaine de l’économie où l’appropriation privée peut jouer à l’encontre de la créativité et du développement des personnes, voire à l’encontre de la solidarité ; dans le domaine de la santé où la médicalisation s’étend à toutes les phases et problèmes du cycle de vie … Pour la clôture de la session, nous avons eu le paisir d’entendre un exposé rafraichissant sur les pensées de deux pères de l’Eglise : St.Jean Chrysostome et ST. Grégoire de Nysse sur la nature de l’homme et sur l’homme qui dans l’Evangile est destiné au Royaume de Dieu. Le mandat du Président Manfred Spieker, venu à échéance, les membres décident de prolonger en attendant la désignation d’un successeur.       ROME – Cité du Vatican du 14 au 17-09- 2006   De longue date, divers membres de l’AIESC se sont intéressés à l’application de l’ESC aux problèmes de vie et de santé, à l’éthique de la vie et du vivant mais, jusqu’à ce jour, aucune session n’avait été consacrée à ces thèmes vitaux pour l’homme, les familles et la société. La session organisée à Rome en septembre 2006 en collaboration avec le Conseil Pontifical Justice et Paix a pour titre «  la défense de la vie : une mission de l’enseignement social chrétien ». A l’invitation du Cardinal Renato Raffaele Martino, nous discuterons avec quelques experts proposés par le Conseil pontifical, sur les problèmes concernant la défense de la vie. On y traitera notamment de l’avortement, de la procréation médicalement assistée et de l’euthanasie… Ce qui nous amènera fatalement à analyser les familles qui, en première ligne, se trouvent confrontées à des choix éthiques découlant de la multiplication de nouvelles techniques et pratiques qui accompagnent la médicalisation croissante de la vie. On y débattra aussi des nouveaux devoirs de l’Eglise et de sa doctrine sociale face aux multiples problèmes qui se posent à l’homme à travers son cycle de vie.

Jacques Delcourt, Professeur émérite de L’Université Catholique de louvain, Past-président de l’AIESC.

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